(Montel) EDF a dû remplacer des tronçons de tuyauteries dans les circuits de refroidissement (RRA) de 54 réacteurs entre 1999 et 2001, à la suite d’une fissure ayant occasionné une fuite importante dans l’unité Civaux 1 (1,5 GW), selon un rapport publié mercredi.
« Cela pose un problème sur le parc actuel », ainsi que sur le réacteur pressurisé européen (EPR) en construction à Flamanville, et le futur programme d’EPR décidé par le président Emmanuel Macron, a-t-il dit.
EDF a arrêté cinq réacteurs nucléaires en novembre, dont Civaux 1, après avoir identifié des fissures dues à la corrosion sous contrainte, induite par l'influence combinée de contraintes de traction et d'un environnement corrosif.
EDF devra à nouveau procéder à des réparations sur ses 56 réacteurs en fonctionnement, qui risquent tous d'être affectés « à des degrés variés », affirme M. Laponche.
La découverte des phénomènes de contrainte risque de remettre également en question la décision de la France de prolonger de dix ans la durée de vie de ses réacteurs de 900 MW pour la porter à 50 ans, a-t-il ajouté.
EDF a affirmé à plusieurs reprises que le phénomène de corrosion qui a provoqué des fissures dans les circuits de sécurité de ses réacteurs était « inédit ».
Cependant, l'IRSN, la branche technique de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), a souligné dans des rapports que, bien que rare, le phénomène de corrosion sous contrainte avait été identifié 150 fois dans le monde, sans donner plus de détails.
À la question de savoir pourquoi l'ASN n'avait pas communiqué auparavant sur l'incident de 1998 à Civaux 1, afin d’éclairer la situation actuelle qui a mis à l'arrêt douze réacteurs, une porte-parole a répondu : « Il s'agit d'un phénomène de fatigue thermique et non de corrosion sous contrainte ».
Mais M. Laponche, qui a participé au développement du parc nucléaire français, a déclaré que la corrosion sous contrainte était un terme « vague » pouvant s'appliquer à différents phénomènes mécaniques. Il ajoute que les phénomènes sont similaires.
Il sera très compliqué pour EDF de venir à bout de la cause des fissures, a-t-il prédit. Selon lui, la cause est « vraisemblablement multifactorielle, impliquant le matériau lui-même, les méthodes de soudure et la conception des circuits ».
Interrogé, EDF n'a pas répondu aux questions de Montel.