(Montel) Le durcissement des règles de traçabilité de l’électricité renouvelable en France ne devrait pas faire augmenter le prix très bas des garanties d’origine certifiant cette production, ont déclaré des spécialistes.
« C’est une bonne mesure qui peut potentiellement générer à terme de la pression sur certains mois, en hiver notamment, quand la demande est plus forte », a jugé Ivan Debay, dont la société Origo gère l'un des plus gros portefeuilles de GO en France.
« Mais le problème structurel aujourd’hui est que la demande française est tellement faible que tant que la France sera la seule en Europe à appliquer la mensualisation, cela n’engendrera pas de tension sur les prix », a-t-il ajouté.
Le pays n’a consommé que 8,4% d’électricité renouvelable certifiée en 2019 et son marché était long de 15 TWh, tandis que le marché global européen était excédentaire de 90 TWh.
Impact du Brexit
Il faudrait que la consommation française d’électricité verte augmente de 20% par an d’ici 2028, soit deux fois plus vite qu’aujourd’hui, et que les GO proviennent uniquement d’installations françaises pour que leur mensualisation crée des tensions sur le marché à partir de 2026 ou 2027, essentiellement en hiver, selon une récente étude de l’Union française de l’électricité (UFE).
Les dernières enchères mensuelles organisées par la bourse EEX pour le compte de l’État français ont donné un prix moyen pondéré d’un peu moins de EUR 0,12/MWh pour 1,45 TWh de garanties issues d’installations subventionnées, ce qui correspond au niveau des échanges de gré à gré, selon le Green Hub de Montel.
Ce prix pourrait même « tomber au-dessous de EUR 0,10/MWh » cette année si le Royaume-Uni mettait fin aux importations de GO de l’Union européenne en raison du Brexit, alors qu’elles ont atteint environ 50 TWh nets l’an dernier, a jugé Axel Baudson, trader indépendant en Belgique.
« Plus lisible »
Dans l’immédiat, le passage au pas de temps mensuel « devrait calmer le débat anti-garanties d’origine parce qu’on achètera à peu près en même temps l’électricité et les GO, ce qui sera plus lisible pour le consommateur », a jugé Julien Tchernia, président du fournisseur d’électricité 100% renouvelable EkWateur.
Certains fournisseurs sont accusés de « verdir » artificiellement leurs offres en certifiant comme « renouvelable » une électricité d’origine nucléaire ou fossile grâce à des garanties produites longtemps avant leur consommation ou dans d’autres pays européens. Les recettes ne soutiennent pas directement la production renouvelable française et la création de capacités locales.
« Plus on se rapproche de la réalité physique et plus l’offre verte est transparente et attractive », a confirmé Albert Codinach, directeur général du fournisseur Oui Planète, qui promeut une énergie 100% renouvelable et française.