(Montel) Il est « trop tôt » pour savoir si l’EPR de Flamanville sera confronté à de nouveaux retards en raison de la décision d'EDF d'inspecter les soupapes de sûreté, a déclaré à Montel l'IRSN, qui alerte d'un risque de fuite depuis cinq ans.
Cependant, selon l'ingénieure de l'Institut de radioprotecion et de sûreté nucléaire (IRSN) Karine Herviou, ces soupapes sont des éléments « particulièrement sensibles » de la sûreté du réacteur.
À l'heure actuelle, « toutes les réserves de l’IRSN n’ont pas été levées, notamment sur le risque de fuite » malgré un retour d’expérience d’EDF en 2018 avec des analyses détaillées et des essais complémentaires, a-t-elle fait savoir.
Une fuite de ces soupapes, installées sur le pressuriseur des réacteurs dans le but d’évacuer la pression du circuit primaire, pourrait provoquer la rupture de ce circuit, voire de la cuve.
Et l’IRSN n’a cessé d'avertir EDF sur ce risque depuis 2015, date à laquelle l'institut a examiné la sûreté de cet équipement dans un rapport.
« Ces soupapes sont les mêmes que celles installées sur l’EPR d’Olkiluoto », a souligné l'experte.
Soupapes changées ?
« Des discussions sont toujours en cours avec EDF à ce sujet », a ajouté Mme Herviou, affirmant qu'il était trop tôt pour savoir quelles mesures devraient être prises à Flamanville, sans exclure toutefois que les soupapes puissent être changées.
« Cela dépendra des résultats de l'enquête en cours à l'EPR finlandais », a-t-elle déclaré, ajoutant que l'IRSN prévoyait de publier « prochainement », soit plus tard cette année ou en 2021, un premier avis concernant les soupapes de Flamanville.
Le démarrage de l'EPR de Flamanville a pris dix ans de retard, alors que le coût du chantier est estimé à EUR 12,4 milliards, contre EUR 3,3 milliards initialement.
EDF devra réparer une centaine de soudures sur l’EPR avant sa mise en service, a annoncé récemment l'ASN.